Durant l'avant campagne
Premièrement l'hebdomadaire a ignoré la campagne, respectant ainsi le vœu de l'UMP et du PS d'éviter au maximum tout débat. Aucune information significative, aucune réflexion directement liée aux élections n'est apportée aux lecteurs avant le dernier numéro précédant le WE des élections. En fait, il n'y eu qu'un article dans le n°1636 (23/29 mai) intitulé "Au secours, Schuman !" qui n'abordait aucune des problématiques cruciales pour notre avenir et ne faisait que développer des platitudes sur les bonnes intentions de la construction européenne du début jusqu'à nos jours. Article concluant cependant sur le regret que "Nous, Français, nous n'avons pas doté l'Europe des structures politiques nécessaires pour lui permettre d'affronter les défis de demain". Ce qui peut facilement s'interpréter comme un regret que le non au référendum de 2005 l'ai remporté.
Dans le n°1637 du 30 mai, un autre article s'intitulant "Benoît, l'Européen" sans traiter aucunement du sujet des élections, montrait tout l'intérêt de Benoit XVI pour l'Europe de la paix sans préciser aucunement de quelle Europe il s'agissait. Curieusement cet article, sans aucun rapport immédiat avec les élections et qui en cohérence avec son contenu était placé sous la rubrique "Temps de l'Eglise", finissait cependant par un renvoi vers le site pour y retrouver les interviews de candidats aux européennes ! A la manière des message subliminaux, les lecteurs de FC étaient amenés à considérer l'Europe comme une chose nécessaire, sans plus de confrontation d'idées sur la nature de cette Europe.
Le temps des affirmations surréalistes
Le morceau de choix est donc arrivé avec le n°1638 du 6 juin (soit celui arrivant dans les foyers chrétiens 48 heures avant le jour du scrutin). Cette fois le sujet de l'Europe est le sujet principal y compris sur la couverture. A l'intérieur un article-dossier intitulé "Europe : retrouver le cap" met à l'honneur trois intervenants. Andrea Riccardi fondateur de Sant'Egidio, le cardinal Vingt-Trois et rien moins que Hans-Gert Pöttering (!) le Président du Parlement Européen. De débat aucun, car aucun homme politique ne pourra apporter la contradiction au Président du Parlement Européen. Aucun des sujets cruciaux, tels que ceux relevant de la charte des droits fondamentaux ne seront évoqués par nos deux "religieux"… En revanche, sans avoir aucunement à se justifier, M. Pöttering peut affirmer des contres vérités telles que "Je suis profondément convaincu que nos racines chrétiennes sont présentes et honorées dans le traité de Lisbonne". Affirmation quelque peu surréaliste au regard du contenu de la charte des droit fondamentaux faisant partie intégrante du traité de Lisbonne (cf. Traité de Lisbonne : un décrochage éthique préprogrammé) et des précédents de l'UE vis-à-vis des valeurs de notre société. Suit alors l'énumération de valeurs génériques autant adaptées aux chrétiens qu'aux franc-maçons, telles que les droits de l'homme, la paix, la liberté, la démocratie, la prééminence du droit…et de conclure "Ce sont là des principes chrétiens. Donc comme chrétien, nous pouvons être très satisfaits que ces valeurs soient présentes dans ce traité". De quoi rassurer totalement les électeurs chrétiens et de tuer dans l'œuf toute velléité d'approfondir le sujet.
D'autant plus que pour conclure ce dossier, un encadré rédigé par le directeur de la rédaction, Philippe Oswald en personne nous explique que si rien n'est parfait dans cette Europe "on n'y respire tout de même mieux que dans bien des coins de la planète" et que désormais les "antagonismes historiques" et les "affrontements idéologiques" n'ont plus lieu. Il conclut en soulignant tous les risques de l'Europe actuelle et d'engager les lecteurs à examiner soigneusement la position des candidats sur les questions non-négociables. Perfidement, cela permet, à moindre frais, de dédouaner par avance le journal : il ne pourra lui être reproché de ne pas avoir évoqué ces questions. Pourtant, étant donné la gravité des enjeux évoqués par Philippe Oswald lui-même, le journal ne se devait-il pas d'approfondir ces questions ? Devait-il se contenter d'offrir à ses lecteurs uniquement les propos rassurant d'un homme politique du système, au demeurant présenté sous le titre encore plus rassurant de démocrate-chrétien !
Famille Chrétienne, c'est aussi un site internet
Face à ces critiques, nos amis de la rédaction de FC ne manquent pas de nous renvoyer au contenu du site famillechretienne.fr et de se défendre d'avoir refusé le débat puisque tous les bords politiques ont pu s'y exprimer... A cela, le premier niveau de réponse est que les lecteurs de Famille Chrétienne lisent d'abord le journal et que bien peu vont sur le site. D'autre part, l'information délivré sur le site était elle-même traitée avec une totale partialité, digne de la plus perverse désinformation. Le site faisait apparaître en premier une interview de Philippe de Villiers qui ne traitait que de l'islamisation de l'Europe ! Bizarre, car de toute la campagne, c'est le seul média dans lequel Philippe de Villiers a traité de cette question ! Comme s'il réduisait la question Européenne à son "vieux démon" de l'immigration. Encore plus bizzare, l'article positionné juste en dessous titrait "Le Saint-Siège salue le discours de Barack Obama sur l'Islam". Le contraste est saisissant ! Mais, la démagogie ne s'arrête pas là, car l'article qui vient est intitulé : "Elections européennes : Alain Lamassoure (UMP) et l'urgence d'une politique nataliste" ! On peut y lire des propos encore plus surréalistes tel que ce "candidat de l'UMP, conscient des valeurs portées par l'Europe et de leur origine chrétienne" (rien de moins !).
Visible sur une même page la brochette est savoureuse : un vieux c… d'extrémiste bloqué sur les sujet de l'islamisation (tel un FN bis), contredit par le Saint-Siège, alors que l'UMP s'occupe des sujets importants (cependant hors sujet, car la politique familiale n'entre pas [encore] dans le scope des attributs de l'Europe). Bien joué !
Outre cette mise en page scabreuse, les interviews des différents hommes politiques promis depuis longtemps ont été publiées bizarrement in extrémis. Certains, comme celui de Patrick Louis, Secrétaire général du MPF, sont parus seulement 24 heures avant le jour du scrutin (alors que son interview avait été réalisée une quinzaine de jours avant !). De plus, l'interview a été reproduite partiellement, sans respect des liaisons logiques et est introuvable par un lien direct. Il faut quasiment en connaître l'existence pour le retrouver !
Le contre-temps de la justification
Perfidie supplémentaire, FC, à travers son "médiateur", se justifiera dans le numéro post élection en pretextant que la rédaction manquait de place pour traiter le sujet des européennes car l'actualité imposait d'autres sujets tout aussi importants, à savoir : le voyage de Benoit XVI en Terre sainte, le travail du dimanche et la bioéthique. Raison d'autant plus fallacieuse, que les deux derniers sujets sont totalement liés à la politique de Bruxelles. Le cynisme du "médiateur " ira jusqu'à démontrer l'intérêt de FC pour le sujet par la place que le journal y consacre dans ce numéro... post élection ! Cela n'est pas sans rappeler les elections présidentielles de 2007 pour lesquelles Famille Chrétienne à fait part de ses craintes et doutes vis-à-vis de M. Sarkozy que dans le numéro qui à suivi les élections !
Une véritable trahison
En conclusion, nous devons retenir que le travail de désinformation était de haute tenue. Il s'agit d'une véritable trahison qui a pour conséquence d'amener les chrétiens, par manque d'information, à ouvrir toutes grandes les portes à la culture de mort par leur vote. Trahison qui interdit, selon nous, à tout chrétien d'apporter encore un quelconque soutien à cet hebdomadaire, notamment en s'y abonnant.